Le comité de la direction d’une école du Tennessee (USA) incluant des parents d’élèves, vient de voter à l’unanimité le retrait du roman graphique « Maus » d’Art Spiegelman de la circulation, en d’autres termes de l’interdire comme ouvrage de référence sur la Shoah. Maus est un chef d’oeuvre qui a été récompensé du prix Pulitzer en 1992 et a été traduit en 17 langues. Je ne peux pas, par manque de place, en faire le résumé ni l’éloge. C’est un must. Un livre incontournable qui a permis à des générations de jeunes lecteurs d’apprendre la vérité historique de la Shoah, tout en faisant évoluer la bande dessinée qui entrait dans l’âge adulte.
Le comité a sanctionné Maus pour « pornographie » et « blasphème »!
Pornographie car une ou deux images montrent des corps de victimes de la Shoah dénudés jetés aux fours crématoires. (Je tiens à rappeler que les juifs y sont représentés en souris et les nazis en chats!). Pour y voir de la pornographie il faut être complètement malade. Et si quelqu’un est exité sexuellement à la vue des ces images, je lui conseille vivement de se faire suivre.
Blasphème parce que dans une des cases le protagoniste (l’auteur lui-même puisqu’il s’agit d’un récit autobiographique) dit « God dam! », que Dieu soit maudit. Une locution que nombre de prisonniers des camps ont probablement proférée plusieurs fois par jour, y compris nombre de fervents croyants.
Je pensais, naïvement je vois, que l’accusation de blasphème ne pouvait de nos jours émaner que de terroristes genre Daesh comme ceux qui ont massacré l’équipe de Charlie hebdo en 2015 pour « venger le prophète ».
C’est donc une petite souris nue et un propos banal à l’encontre de Dieu qui sont des scandales sans nom.
Pas la Shoah!
Je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer.
Ce comité m’a tout l’air d’une bande de bigots qui brandissent le Politically Correctness pour cacher leurs véritables mobiles: une volonté de formater toute une jeunesse à une pensée unique, à museler toute curiosité intellectuelle, à dicter quoi lire et quoi penser à des jeunes esprits malléables. J’en arrive à me demander si cette décision n’est pas quelque part teintée d’un antisémitisme inavoué.
La chose la plus dangereuse dans cette affaire très locale (quand a-t-on entendu parler du Tennessee dans les infos ces dernières décennies?) a finalement été ébruitée suite à une avalanche de tweets.
Ce sont donc les algorithmes aveugles et des internautes anonymes qui vont nous imposer leur loi? La « pseudo-démocratie directe » des réseaux sociaux s’avère une fois de plus être la nouvelle dictature de notre monde.
La cerise sur le gateau est que la nouvelle tombe le jour de la commémoration internationale de la mémoire des victimes de la Shoah.
https://www.cnbc.com/2022/01/26/tennessee-school-board-bans-holocaust-comic-maus-by-art-spiegelman.html
https://www.washingtonpost.com/education/2022/01/27/maus-ban-tennessee-mcminn-county-holocaust/

Pas de mots pour d’écrire un mon ahurissement et mon dégoût…pour moi c’est tt une décision antisémite déguisé en Policty correct
Merci beaucoup Dina. Comment vas-tu?
OH ! Michel, combien c’est navrant, c’est moche, cela m’attriste !!! Mais c’est inouï ! C’est mettre les jeunes volontairement dans une Ignorance crasse! Et c’est un coup dur contre la démocratie ! C’est là une vision très précise de l’extrême droite , à n’en pas douter, et Cela ne doit surtout pas nous déstabiliser! Unissons nos forces, cher ami. Je vous embrasse et garde en mémoire votre papa, notre Cher Henri. Votre père portait le même prénom que le mien. Mon père qui a lutté contre les nazis, retournant aux U.S.A, après la libération. Il n’est plus Là non plus pour voir tout cela. Gardons nos forces, Cher Michel, et en souvenir de nos pères, luttons toujours et plus que jamais pour la démocratie. Esther Kervyn Miller
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Deux trois clics suffisent aujourd’hui, à un enfant, pour accéder au pire de l’humanité sur internet. Nous voici rendus dans une époque où les valeurs sont brouillées, quand elles ne sont carrément pas inversées. Aujourd’hui « Maus » ne vaut pas mieux qu’une vidéo porno.
Cette décision n’est pas antisémite ; elle est un outrage pour l’Humanité dans son ensemble. Si « Maus » est pornographique, cette décision est alors bien pire : elle est obscène. Elle est dans la logique d’un politiquement correct qui, peu à peu, glisse dans une dictature de l’esthétique. Elle n’est pas d’extrême droite ; c’est, au contraire, le fruit d’une démocratie malade de sa propre bienveillance.
Merci KP