Ma belle-mère, Régine Alfandari, nous a quitté dans la nuit du 14 au 15 Mai. Notre fils aîné David (45) a posté un texte personnel sur sa page facebook en hébreu ce matin. Pour le partager avec vous j’ai pris le temps de le traduire le plus fidèlement possible. Il exprime si bien ce qu’un petit-fils ressent et raconte en quelques phrases l’histoire de Régine.
Ma grand-mère s’est éteinte ce matin à Garches dans son appartement, entourée de ses trois filles et de son fils, entourée de beaucoup d’amour.Grand-mère est née à Paris et a grandi aux pieds des Alpes à Grenoble, d’une mère originaire d’Odessa dont la famille avait décidé de fuir les pogroms contre les Juifs de Berdishev en 1905, et d’un père catholique d’origine bretonne qui par amour, avait choisi de se convertir au judaïsme pour l’épouser.
J’ai grandi avec leurs histoires de famille extraordinaires, histoires qui sont aussi miennes et font partie à jamais de mon ADN.Dans sa jeunesse grand-mère participait à des compétitions de plongeons artistiques. Elle a pratiqué la voile, a voyagé dans le monde. Elle m’a donné mes premières leçons de ski alpin, m’a appris la pêche à la ligne en rivière, le vélo et la cueillette des framboises. Sa confiture de prunes et de fraises sont ma Madeleine de Proust. Sans compter la tradition de l’art culinaire français qu’elle m‘a transmis.
Les vacances d’été et d’hiver chez grand-père et grand-mère furent des aventures de découvertes qui m’ont ouvert sur le monde.Grand-mère a eu une longue vie bien remplie et nous a suivi tout au long des années et maintenant elle va rejoindre son mari qu’elle aimait tant dans leur caveau familial, aux côtés de leur fils Louis emporté prématurément par un cancer. C’était une femme courageuse et indépendante qui avait décidé de gérer son cancer à sa manière, sans soin et sans hôpitaux. Elle était toujours en prise avec le monde, branchée sur son iPad et son iPhone, participant activement au groupe whatsapp familial et aux conversations facetime et zoom. Il y a deux ans nous avons fêté tous ensemble son anniversaire de 90 ans. Nous n’avons malheureusement pas pu lui rendre visite pendant la dernière année de pandémie.
Elle aimait nous raconter la saga familiale et nous confectionnait des beaux albums de photos légendées afin que nous sachions d’où nous venons et combien la chaîne de la vie est importante. J’admire grand-mère pour ce qu’elle a été et pour ce qu’elle a fait en femme fière et digne. J’ai d’ailleurs toujours été très impressionné par cette génération qui a traversé les drames du vingtième siècle et a toujours su trouver la force de créer la vie.
Ma mère Olivia, l’aînée de ses quatre enfants, est partie il y a deux mois afin de prendre soin d’elle et j’en suis très heureux. Elle a été à ses côtés pendant cette période critique. Ces derniers temps elle est très préoccupée par la situation sécuritaire en Israel et nous l’avons tous rassurée en lui affirmant que sa place était bien auprès de sa mère. Si seulement je le pouvais je me rendrais aux funérailles mais je sais que ma place est ici, auprès de mes deux filles dans le climat explosif où nous vivons. Climat auquel s’ajoutent aujourd’hui une profonde tristesse et des tas de souvenirs.
A quelques milliers de kilomètres de ma grand-mère, je ressens plus que jamais le devoir de regarder vers l’avenir à la lumière des valeurs universelles qui étaient siennes et qui sont aussi les miennes. Maintenant mes filles sont en pleurs dans mes bras et nous nous serrons les uns contre les autres et je suis ému, et plus que jamais convaincu, que l’avenir appartient à ceux qui, par leur sensibilité humaine et leur amour, voient en la vie une valeur suprême.
Qu’elle repose en paix.

Très Cher Michel,Je termine de lire ta traduction du texte de ton fils David. Un famille d’authentiques Mensch !J’ai écrit un petit mot d David, en ces moments de tristesse et de douleur.Régine, la maman d’Olivia, je l’ai rencontrer une fois seulement et pourtant, j’en garde le souvenir d’un être lumineux, solaire.Par la pensée et par le coeur, je partage votre douleur commune,et vous présente à toi, a Olivia et vos fils, mes plus sincères condoléances.Que nous puissions nous retrouver très vite dans la joie et la douceur. Baroukh Dayan Haemet.La bise.MachEnvoyé de mon appareil Samsung de Bell via le réseau le plus vaste au pays.
Cher Michel,
Quel beau message de David! Mes chaleureuses condoléances à Olivia, toi et toute votre famille. Je vous embrasse
Simone Susskind
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*si cher Michel , ce soir une bougie brûle symboliquement pour votre famille .* *Votre papa aussi avait comme vous , le sens de la famille et une grande délicatesse * *de l’âme et du cœur . En ces temps difficiles , nous sommes de tout coeur si proche * *de vous. Vos amis Esther et Etienne kervyn Miller .*
merci Michel pour tout ce que tu penses, écris et dessines !
Nous avons beaucoup de choses en commun : mon père Herman Idelovici a été déporté de Paris vers Auschwitz avec toute sa famille en septembre 1942. Ils venaient de Iasi. Il est revenu tout seul et a vécu jusqu’en 2012.
Ma famille en Israël habite à Tel Aviv (Zeilig, Idelovich, Perl).
Continue à nous faire sourire et pleurer à la fois !
Très émouvant le texte de David , je partage la tristesse de la famille Kichka /Elfandari.je garde en mémoire la présence de Régine pendant de longues années au sein de la famille.
Qu’elle repose en paix auprès de Jo
Je vous embrasse tous
Maurice.