Une réplique de la superbe statue du Capitaine Dreyfus qu’avait réalisée le caricaturiste Tim dans les années 80 vient d’être inaugurée à Tel Aviv. Superbe et majestueuse. L’original se trouve à Paris dans un petit jardin sur le boulevard Raspail. Tim avait choisi de représenter Dreyfus, au garde à vous, tenant son sabre au clair. Mais il est question de son sabre brisé! Tim, un des caricaturistes les plus importants de la seconde moitié du vingtième siècle, maître dans le concept de messages visuels avait imaginé que Dreyfus se serait baissé pour ramasser son sabre qu’on venait de lui briser en le dégradant (dans le double sens du terme!) pour le tenir fièrement, affirmant ainsi son innocence et son amour pour sa patrie, la France.
A l’inauguration j’ai eu l’immense plaisir de faire la connaissance de Roland Mitelberg, le fils de Tim ainsi que des arrières-petites-filles d’Alfred Dreyfus et d’Emile Zola, Yaël Perl Ruiz et Martine Le Blond Zola. Difficile de traduire mon émotion par des mots. La Maire de Paris Anne Hidalgo et le Maire de Tel Aviv Ron Houldaï étaient présents à la cérémonie et ont tenu un superbe discours.
Deux tables rondes se sont déroulées le lendemain. J’ai participé à la première sur la caricature antisémite anti-dreyfusarde et actuelle, aux côtés de Philippe Val, essayiste et ancien rédacteur en chef de Charlie Hebdo et de Joël Kotek, politologue et historien. A la seconde table ronde, consacrée à l’Affaire Dreyfus et aux origines du sionisme, ont participé les historiens Philippe Oriol et Simon Epstein aux côtés de Martine Le Blond Zola.
Moi qui venait de dialoguer trois jours auparavant avec l’auteur Camille de Toledo à propos de son impressionnant roman graphique « Herzl, une histoire de l’Europe »‘ illustré par Alexandre Pavlenko, inutile de vous dire que j’ai vécu une semaine historique mémorable.
Dreyfus à Tel Aviv
11/30/2018 par Michel Kichka
Sais tu que la statue de Tim devait être initialement placée face à l’Ecole militaire et que l’Etat Major s’y est opposé, reléguant l’oeuvre dans le petit square du Bd Raspail? Une réplique figure dans la cour du Mahj. J’ai fait une photo de cette statue dans mon livre “de guerre en guerre”.
Oui je sais Luc, j’ai visité en son temps l’expo Tim au MAHJ et Tim en parlait dans son catalogue. La réplique y est en résine, celle de Tel Aviv en bronze. Comment vas-tu à part ça? Amitiés de Jérusalem, Michel
À propos de Louis Mitelberg, encouragez vos amis à aller voir au cimetière du Père-Lachaise le formidable monument de bronze et de granit à la mémoire des Déportés d’Auschwitz III ( Buna-Monowitz). Charles Palant, juif résistant lui-même déporté à Buna (comme Primo Levi) avait demandé à L.Mitelberg de lui proposer un projet. C’est le plus expressif de tous les monuments de la Déportation du PL. Et si vous voulez connaître l’odyssée des 218 prisonniers de guerre évadés par l’URSS (dont Mitelberg) vous pouvez lire « Prisonniers de la liberté » de Jean-Louis Crémieux-Brilhac ». Aux éditions Sartulis, existent quatorze cahiers inédits du capitaine Dreyfus dits « Cahiers de l’île du Diable » dans une édition somptueuse. Annick André, admiratrice de l’oeuvre de M. Kichka