Le cartooniste turc Musa Kart, dessinateur au Cumhuriyet, est parmi les journalistes jugés en ce moment par la « justice » de son pays. Le chef d’accusation: complot avec un organisme terroriste hostile au régime. Kafka n’aurait pas pu mieux imaginer. Musa risque 29 ans d’emprisonnement.
Il avait déjà été accusé en octobre 2016. Avec mes collègues de Cartooning for Peace nous avions réalisé des dessins en sa faveur pour sensibiliser l’opinion publique sur la menace qui pesait alors sur lui et son journal.
Je crains bien que dans nos démocraties libres nous soyons incapables de prendre la véritable mesure d’une telle oppression et de l’impact d’une attaque frontale aussi violente contre les libertés et les hommes.
Voici Musa Kart et quelques uns de ses dessins. Ce ne sera malheureusement qu’une goutte d’eau de plus dans l’océan de la dictature et de la haine. Pourquoi dictature se conjugue-t-elle toujours avec obsession paranoïaque? La soif de pouvoir, quand on en est malade, ne connait pas de limite.
Comme on se sent impuissant devant tant de bêtise et tant de haine!
Qui construira le monument à la gloire de tous ceux qui meurent ou qui perdent leur liberté parce qu’ils ont simplement voulu faire triompher la paix ?
Une dictature ne peut perdurer sans l’obsession paranoïaque. Les démocraties occidentales ont la mémoire courte et le déni hypertrophié, ce qui les rend incapables de prendre la mesure non seulement de cette oppression, mais aussi du jihad des tribunaux qu’elles tolèrent actuellement, et qui les amène à s’auto-censurer pour ne surtout pas nommer le nouvel avatar du nazisme… et à condamner ceux qui osent le nommer.