Le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme de Paris expose une rétrospective de Gotlib. Aussi bizarre que cela paraisse, c’est aussi la première! J’attendais d’être à Paris depuis son vernissage il y a deux mois. Depuis aujourd’hui c’est chose faite.
L’exposition m’a empli d’une immense vague de nostalgie pour cette période de mon adolescence où je le découvrais dans les pages de Pilote que je lisais assidûment chaque semaine. Suivi de Mad et de L’écho des savanes.
Les 200 originaux exposés montrent avec quel soin et quel amour Gotlib travaillait. Il se vouait corps et âme à ce qu’il faisait. A la relecture de planches classiques de la rubrique-à-brac, j’ai ri comme avant. Son travail a vachement bien traversé les années. C’est le monde qui a vieilli. Comme l’humour des années 70 et 80 était permissif et débridé. Le vent de 68 soufflait encore fort. Comme c’était innovant et vivifiant. Il est allé très loin, et loin devant tout le monde, en éclaireur, au-delà des limites de ce qui était considéré comme publiable. Quelques pages exposées signées Harvey Kurtzmann et des extraits des Frères Marx et de Monty Piton, les sources dont il s’est abreuvé et saoulé, contextualisent très bien sa création dans l’esprit de toute une époque. La jubilation de Gotlib est communicative, contrairement à sa tendance dépressive qui elle ne l’était pas. L’humour a été pour lui une garantie de survie. J’avance et le musée se rempli petit à petit de jeunes et de nettement moins jeunes, les uns découvrant, les autres se souvenant. Je fais partie de la deuxième catégorie. J’entends des éclats de rire, parfois étouffés, parfois non. Je réalise que j’ai eu la chance de compter Gotlib parmi mes maîtres. Je lui suis reconnaissant. Créer est un acte de partage et Gotlib a été très généreux.

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